Observatoire de l’accès au numérique en santé – 2ᵉ édition

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Manger cinq fruits et légumes au quotidien, marcher au moins 10 000 pas par jour, être à jour de ses vaccins, surveiller son poids, éviter l’exposition aux rayonnements UV… Les recommandations de prévention en santé, y compris le dépistage précoce des maladies, font partie intégrante de notre quotidien.

Mais la mise en œuvre des politiques publiques en matière de prévention demeure complexe et leur efficacité est souvent difficilement mesurable. Si les actions de communication sont essentielles pour accompagner la population vers l’adoption de comportements vertueux, elles atteignent inégalement les citoyens, en particulier les publics vulnérables qui sont plus exposés à ces facteurs de risque.

Pour sa deuxième édition, l’Observatoire de l’accès au numérique en santé creuse encore le sillon de l’inclusion numérique : le numérique peut-il contribuer à réduire l’incidence de certaines maladies parmi les populations vulnérables ?

« Interroger l’intérêt du numérique comme outil d’amélioration est pertinent, d’autant plus que les générations actuelles et à venir auront acquis un usage quasi systématique d’internet et des applications multiples qui s’offrent désormais à nous. Est-ce que ces outils seront suffisants pour réduire les inégalités et permettre de toucher les publics les plus vulnérables ? Cela reste à démontrer. »

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Agnès Buzyn

Ancienne ministre de la Santé et des Solidarités

Quel est le rapport des personnes vulnérables aux outils numériques et comment cette relation influence-t-elle leur engagement dans des comportements de prévention ?

L’étude de l’Observatoire, fondée sur une enquête Harris Interactive auprès de 3 000 Français et des entretiens avec des experts, offre un aperçu approfondi de l’évolution des perceptions sur les outils numériques en santé. L’accent est particulièrement mis sur la prévention et sur les défis spécifiques auxquels font face les populations vulnérables. L’objectif est de mieux comprendre leurs besoins uniques et les obstacles qu’elles rencontrent dans l’adoption des technologies de santé numériques, afin de développer des solutions plus inclusives et efficaces.

Les trois types de vulnérabilités identifiés :

Les vulnérables « économiques » correspondent aux personnes ayant indiqué avoir des difficultés importantes à finir le mois avec leur budget. Elles représentent 11 % de la population française.

Les vulnérables « isolés socialement » correspondent aux personnes ayant indiqué se sentir isolées dans leur cercle social, fréquenter peu de monde, se sentir seules. Elles représentent 31 % de la population française

Les vulnérables « isolés médicalement » correspondent aux personnes ayant indiqué avoir « tout à fait » le sentiment de vivre dans un désert médical. Elles correspondent à 18 % de la population française.

Accès au numérique et accès aux soins : consolider la confiance des publics vulnérables

Par rapport à 2021, les Français témoignent d’une érosion de leur confiance dans le système de santé.

83 %

83 % des Français restent positifs quant à l’accès au système de santé, un chiffre en baisse de 4 points par rapport à 2021.

46 %

46 % des Français ont le sentiment de vivre dans un désert médical territoire sous-doté, le Sénat estimant à 30 % cette part de la population.

La confiance dans les outils numériques se maintient quant à elle à un haut niveau : les Français voient le numérique comme une opportunité pour développer l’accès à la santé. En effet, il facilite les démarches administratives, la gestion des rendez-vous et permet de mieux s’informer sur sa santé.

78 %

78 % des Français estiment que le numérique est une bonne chose pour le système de santé.

Les publics vulnérables sont quant à eux confrontés à une double peine face à l’accès au numérique et au système de santé.

31 %

31 % des « isolés médicalement » sont insatisfaits des soins qu’ils reçoivent, témoignant d’un sentiment de déclassement devant l’accès aux soins.

43 %

43 % des publics vulnérables « isolés » se considèrent mal informés quant à la fréquence des différents rendez-vous médicaux à effectuer.

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Une sur deux personne vulnérable seulement estime que le numérique est une bonne chose pour le système de santé.

La prévention en santé : renforcer la pédagogie pour les publics vulnérables

L’Observatoire a décidé de se concentrer sur la prévention primaire dont l’objectif est d’empêcher l’apparition des symptômes.

La prévention en France se concentre sur la gestion des facteurs de risque communs aux maladies chroniques et aux cancers, tels que le tabagisme ou l’alcoolisme. Si certains facteurs comme l’âge et la génétique sont inévitables, beaucoup d’autres, liés au comportement ou à des facteurs biologiques comme l’hypertension ou l’obésité, peuvent être modifiés. Promouvoir ces comportements préventifs est donc un enjeu majeur pour améliorer la santé publique.

Quelles perceptions de la prévention aujourd’hui ?

Les Français considèrent en grande majorité que les comportements de préventions sont utiles car efficaces pour enrayer l’apparition de certaines maladies. Ils regrettent néanmoins que ces recommandations soient difficilement applicables au quotidien.

79 %

79 % des Français estiment que la santé peut être influencée par l’adoption de comportements de prévention.

85 %

85 % des Français considèrent que les recommandations spécifiques au mode de vie sont efficaces pour réduire le risque de maladies.

56 %

56 % des Français considèrent que les recommandations en prévention sont trop nombreuses.

44 %

44 % des Français considèrent que les recommandations spécifiques au mode de vie sont anxiogènes

Les populations vulnérables montrent des comportements en retrait par rapport à l’ensemble des Français.

43 %

43 % des vulnérables « isolés socialement » évoquent un manque d’accompagnement de la part du système de santé.

28 %

28 % des vulnérables « isolés médicalement » estiment rencontrer des difficultés pour suivre les recommandations d’ordre médical.

65 %

65 % des vulnérables « économiques » estiment que les recommandations ne sont pas applicables à leur situation financière.

Les populations vulnérables et numériquement isolées font face à des défis importants en matière de prévention sanitaire. Ces groupes nécessitent une attention particulière et des approches pédagogiques adaptées pour surmonter les obstacles dans l’adoption de comportements de santé positifs, leurs difficultés étant souvent plus prononcées que la moyenne de la population.

Démocratisation de la prévention grâce au numérique : trois grands défis à relever

Pour les Français – vulnérables ou non – il est devenu difficile de se passer des outils numériques pour favoriser l’adoption de comportements de prévention. Le numérique permet en effet de s’affranchir d’éventuelles barrières géographiques et logistiques. Il constitue une nouvelle voie d’entrée dans le système de santé.

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Près de 9 Français sur 10 estiment que les outils numériques sont indispensables ou importants pour favoriser l’adoption de comportements de prévention.

79 %

79 % des Français considèrent que les outils numériques fournis par les services publics sont utiles pour gérer ou s’informer sur sa santé.

Les enseignements de ce deuxième Observatoire de l’accès au numérique en santé nous permettent d’identifier trois défis clés pour mobiliser le numérique au service de la prévention des publics vulnérables :

Rassurer en s’appuyant davantage sur les professionnels de santé pour favoriser la démocratisation de l’utilisation des outils numériques.

Les publics vulnérables estiment à 86 % que leurs professionnels de santé sont les mieux placés pour les guider dans l’application de recommandations de prévention adaptées à leur mode de vie ou à leur suivi de santé. Cette confiance fait des professionnels de santé un relais indispensable pour encourager l’adhésion aux comportements de prévention grâce aux outils numériques.

Personnaliser en ciblant davantage les messages de prévention pour favoriser l’adoption de comportements de prévention

L’adaptation des messages de prévention améliore leur efficacité, en particulier auprès des publics vulnérables qui éprouvent de grandes difficultés à mettre en œuvre les « bons » comportements au quotidien. Impliquer les individus dans leur propre parcours de santé, en construisant des parcours de prévention adaptés à leur situation spécifique (au regard de leurs ressources financières, de leur environnement, de leurs antécédents familiaux, etc.) est donc indispensable. Les outils numériques permettent de mieux adapter le suivi de chacun.

Accompagner en favorisant une approche proactive pour accroître la prise en main des outils numériques et augmenter la littératie en santé.

Près de 50 % des publics vulnérables déclarent n’avoir jamais utilisé le numérique pour leur santé. Pourtant, les outils numériques permettraient de surmonter certains obstacles qui créent de la vulnérabilité (isolement géographique par exemple). Il faut donc accompagner les publics vulnérables à s’en saisir, en facilitant l’accès aux outils numériques et à leur prise en main, mais surtout en démontrant leur utilité dans la gestion et l’amélioration de la santé.

Les parties prenantes à la deuxième édition de l’Observatoire de l’accès au numérique en santé

Pour la deuxième édition de l’Observatoire de l’accès au numérique en santé, la Fondation Roche travaille de concert avec des acteurs incontournables des champs de l’inclusion numérique en santé.

La Croix-Rouge française

La délégation ministérielle au numérique en santé (DNS)

21, l’accélérateur d’innovation sociale de la Croix-Rouge française et de Nexem

La Mednum

En complément de l’enquête d’opinion, les partenaires de l’Observatoire de l’accès au numérique en santé ont souhaité conduire une série d’auditions pour donner la parole aux acteurs de terrain et révéler d’une part les problématiques d’accès à la prévention qui sont difficilement perceptibles. Ces auditions ont été conduites :

– auprès de personnes en contact avec les publics identifiés « vulnérables », soit les partenaires de cet Observatoire de l’accès au numérique en santé et leurs réseaux respectifs ;
– auprès d’experts des champs de l’inclusion, du numérique et de la santé, mais aussi des chercheurs en psychologie comportementale et en sociologie ;
– auprès de porteurs d’initiatives en faveur de l’inclusion numérique et du renforcement de la prévention en santé déployées ou en passe d’être déployées sur le territoire français. Elles sont mises en avant dans ce rapport sous forme de présentations synthétiques.